Le Tantra

Publié le par Indira



Le mot tantra est composé :

de la racine tan-  : étendre, développer, processus continu, descendre de ;

de la désinence -tra  : l'agent qui protège, l'endroit où il y a, l'instrument utilisé par ;

    Dans ces acceptions modernes, tantra signifie : fil, continuité, chaîne de tissage d'un tissu, succession, méthode, règle, traité, logiciel.

   Traditionnellement, tantra signifie donc "ce qui est la continuation de" sous-entendu "des veda".

    Le mot "tantra" s'éclaire là d'un nouveau sens et peut alors être compris comme "ce qui permet d'étendre, de développer" sous-entendu "la conscience, la spiritualité, l'évolution".

    C'est un terme appliqué à un système métaphysique pratique originaire de la région hymalayo-indienne. Dans ce système on considère comme base de l'univers deux principes symbolisés par le couple masculin et féminin. Le Tantra traditionnel est une « voie de transformation intégrale de l'être humain », qui passe par le corps et les cinq sens.

    Les tantra sont des textes qui se veulent être la continuation des veda. Les veda sont des textes écrits, pour les premiers, vers 1500-1000 av. JC ou même avant. De ces textes liturgiques et de rituels sont issus de nombreux commentaires.

    Les tantra, sans rejeter la sagesse ancienne, se présentent eux-même comme l'enseignement ultime offrant la connaissance du monde et les pratiques les plus pointues dans le domaine de la spiritualité.

    Émergeant dans la vallée de l’Indus, à une date sur laquelle les spécialistes ne peuvent se mettre d'accord, cette métaphysique repose sur deux principes : une « présence » omnisciente et une « action de prise de conscience ». Les deux principes sont symbolisés respectivement par Shiva et par Shakti qui, bien que portant des noms venant de l'hindouisme, ne sont pas assimilés à ces dieux. De nos jours, par ignorance, on donne le nom de « tantra » à des pratiques thérapeutiques sexologiques, souvent très éloignées de l'esprit du tantrisme originel. Le tantrisme a souffert d'une approche New Age, on a trop voulu voir « une ritualisation de la sexualité, alors que c'est la sexualisation du rituel ».La relation sexuelle est généralement appréhendée, selon le tantra, comme la fusion divine de Shiva et de Sakhti. L'union réelle, dans le tantra, n'est que rarement consommée. Il s'agit en effet de s'entraîner seul à assumer la forme d'une déité en union. Les tantras s'adressent surtout aux hommes, qui doivent éveiller leur propre énergie féminine pour devenir complets, hermaphrodites et divins. Le mouvement fut une révolution sur le plan philosophique.


Naissance du tantrisme

    Dans les Veda, on enseigne déjà des formules magiques, les mantras, dont l'usage se développa et se structura pour constituer les rituels du Brahmanisme.

    Le tantrisme reprend les éléments védiques et brahmaniques en n'en retenant que les éléments que l'expérimentation a jugé les plus efficace dans la recherche du "Soi". Parmi les tantrika modernes, beaucoup se réclament de l'influence du Shivaïsme du Cachemire comme Eric Baret, Daniel Odier, Pierre Feuga. La finesse du Tantrisme originel semble bien éloignée des préoccupations et des attitudes modernes, et presque inaccessible à l'esprit occidental.

    Le tantrisme semble, en surface, se relier par certains aspects à une tradition beaucoup plus ancienne que les veda, source de confusion pour de nombreux auteurs qui datent le tantra de plusieurs milliers d'années. D'après eux, il s'agirait de l'ancienne croyance des peuples dravidiens pré-aryens.

    Les veda étant très marqués de patriarcat, la présence très forte de la figure féminine dans le tantra paraît ainsi effectivement être une réémergence du matriarcat (supposé) de peuples plus anciens sous la forme des multiples figures de la shakti.

    Mais cette réémergence n'est qu'apparente. En réalité, ce culte ancien d'une déesse matriarcale, personnalisée comme un véritable être vivant à la toute puissance écrasante dont il faut se concilier les bonnes grâces par des sacrifices, n'a rien de commun avec la représentation tantrique symbolique de l'énergie-base de la manifestation. Les premiers tantra ont été rédigés au cours des 5 premiers siècles de l'ère chrétienne. Mais cela n'exclut aucunement une transmission orale bien antérieure à cette date, puisqu'il y a bien certainement eu depuis toujours des Chercheurs de Réalité préoccupés uniquement de pragmatisme.

    Les derniers tantra reconnus comme tels datent du 19ème siècle, bien que certains ouvrages actuels mériteraient ce titre.


Bouddhisme tantrique

    Le Bouddha Shakyamuni enseigna la pratique de la méditation sur l'esprit et s'opposa à l'usage des mantras qui font appel au pouvoir de divinités qui ne sont pas libérées du karma et du cycle des renaissances.

    Il s'est développé toutefois un tantrisme propre au bouddhisme. La plupart des universitaires s'accordent pour établir l'émergence du tantrisme bouddhique au quatrième siècle de l'ére chrétienne, sur des fondements hindouistes.

    En revanche, les traditions bouddhiques tantriques encore vivantes au Népal, au Bouthan ou au Tibet affirment que ces transmissions proviennent directement du Bouddha Shakyamuni. Elles ont simplement été diffusées de maître à disciple de façon secréte. Ou bien des maîtres (sanskrit: siddha) ont eu une perception directe des divinités tantriques et ont composé des cycles d'enseignement tantriques.

  Il est fait état aussi de différents modes de transmissions des tantra bouddhiques. Ainsi au moment où le Bouddha anéantissait les efforts de Mara, il est dit que sur un autre plan il enseignait à des êtres un certains nombres de tantra, comme celui attenant à la divinité Tandrin.

    Plus tard (avant le IVe siècle), dans le nord de l'Inde, à Nalanda et à Vikramasila, les docteurs du bouddhisme tantrique développèrent la théorie et les différents rituels et mandala. Cet enseignement fut transmis en Chine à partir du VIIIe siècle, puis au même moment au Tibet et au Japon par une lignée de maîtres et de traducteurs. Comme tous les courants bouddhiques, le Vajrayana reconnait Nagarjuna comme patriarche, mais son enseignement n'était pas tantrique.

« Même dans les situations qui nous sont moins familières, on peut trouver une profonde sympathie, une profonde résonance. C’est l’essence de la démarche tantrique. Tout ce qui se présente est à moi ; pas dans un sens personnel ou psychologique, mais profondément. Tout ce qui se présente est ma résonance. Il n’y a rien qui me soit étranger. C’est cela, le tantrisme. » Eric Baret


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N
Namaste !<br /> Tout d'abord, félicitations pour le nouveau design, je le trouve très attrayant.<br /> Merci pour ce bel article sur le tantrisme. En effet, les Occidentaux en ont souvent qu'une vision déformée et, comme tu le dis, l'associent à des pratiques étranges en grande partie liées à la sexualité. L'union masculin-féminin dans le tantrisme est plus subtil ; il se réalise aussi au sein de chaque être, par la prise de conscience de sa double nature et l'harmonie entre ces deux composantes.<br /> Bises de Provence<br /> Nefred
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I
Salut à toi ami provençal !Merci pour le design, j'en avais marre aussi du fondheureuse que cet article te plaisebiz biz
K
Le contraire de la xénophobie en somme . Pour ma part, les Mantras, après avoir plus que pratiqué assidûment, je n'en suis pas convaincu...
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I
coucouje suis en plein apprentissage des mantras et être assidu à cette forme de méditation est pour moi déjà un obstacle à franchir @ bientôt